Le programme de conservation du gypaète barbu, géré par la Vulture Conservation Foundation, poursuit de nombreux objectifs : reproduction ex situ, réintroduction, suivi, recensement et réhabilitation.
Direction les montagnes des Alpes, des Pyrénées, du Massif Central et de la Corse
Le gypaète barbu a été réintroduit dans les Alpes, les Pyrénées, le Massif Central et en Corse grâce aux efforts conjugués des parcs zoologiques et des associations de protection de la nature.
Grâce à ce programme, et depuis sa création, plus de 600 gypaètes barbus sont nés ex situ et plus de 350 ont été réintroduits dans la nature.
Grâce aux efforts conjugués des parcs zoologiques et des associations de protection de la nature, le gypaète barbu a été réintroduit dans plusieurs régions en France, notamment dans les Alpes, où 21 couples nichent aujourd’hui. Il a aussi été dénombré une cinquantaine de couples dans les Pyrénées, 5 en Corse et 1 dans le Massif Central.
Un projet de réintroduction dans les Alpes initié dès les années 1980
Dès les années 1980, la Vulture Conservation Foundation (VCF) a initié un projet de réintroduction des gypaètes barbus dans les Alpes. Grâce à la collaboration de plus de 40 institutions qui œuvrent à la reproduction de l’espèce, les premiers lâchers ont eu lieu en 1986 dans le Parc national Hohe Tauern en Autriche, puis en Haute-Savoie, à la frontière italo-suisse, et enfin dans le Mercantour. En 1997, première victoire : un couple de gypaètes barbus issu d’une réintroduction a élevé son premier jeune à l’état sauvage ! De nombreuses naissances ont été enregistrées depuis et le suivi régulier de cette population (inventaire des nids, prélèvements de plumes, études comportementales…) montre que celle-ci croît.
En raison de ce succès et de l’expérience acquise, un nouveau projet de réintroduction a débuté en 2005 en Andalousie, dans le sud de l’Espagne. En établissant des corridors écologiques qui permettent de relier les populations de gypaètes barbus, la VCF s’efforce d’assurer l’expansion des vautours dans tous les habitats propices en Europe. L’association Beauval Nature soutient la VCF et œuvre à ses côtés pour la réintroduction du gypaète barbu en Europe.
Un programme soutenu financièrement par Beauval Nature depuis 2012
Le programme Ex situ de EAZA (Association Européenne des Zoos et Aquariums) (EEP) du gypaète barbu dans les Alpes est considéré comme le meilleur EEP de l’EAZA (Association Européenne des Zoos et Aquariums). En effet, il est à l’origine de l’un des plus grands retours à la vie sauvage en Europe au cours des dernières décennies. Grâce à ce programme, et depuis sa création, plus de 600 gypaètes barbus sont nés hors du milieu naturel et plus de 350 ont été réintroduits dans la nature (chiffres comptabilisés en 2022).
« Le soutien financier de Beauval Nature à la VCF, chargée de la coordination de l’EEP, permet d’embaucher du personnel technique spécialisé dans la reproduction ex situ du gypaète barbu, et ainsi de maintenir ce programme en vie sur le long terme. Ce qui garantit finalement la continuité des projets de réintroduction européens, qui dépendent du succès de l’EEP du gypaète barbu », déclarait Alex Llopis en 2022 dans Beauval Nature Mag n°4. Vétérinaire de formation, Alex Llopis est également depuis 2017 le coordinateur de l’EEP des gypaètes barbus. En tant que coordinateur son rôle consiste à effectuer un état de lieux des individus recensés dans les parcs zoologiques, décider des transferts entre institutions, analyser les données génétiques et démographiques de la population européenne, gérer la reproduction et travailler en collaboration avec les acteurs locaux pour planifier d’éventuelles réintroductions de juvéniles nés en parcs zoologiques dans le milieu naturel.
Recherche et amélioration des installations pour le bien-être des gypaètes
En 2023, le centre de reproduction de Vallcalent a poursuivi ses travaux de recherche, notamment concernant la vaccination contre le virus du Nil occidental, initiée en 2022. Les équipes ont également continué les études biologiques et amélioré les installations, afin de mieux répondre aux besoins des animaux. Les animaux soignés qui ne peuvent pas être réintroduits sont intégrés au programme de reproduction ex situ. La VCF souhaite donc leur permettre soit de devenir reproducteurs soit d’élever de jeunes gypaètes barbus en tant que parents adoptifs.
Le programme de conservation du gypaète barbu se situe en France.
Quelques caractéristiques sur l’espèce
Plus grand vautour européen, le gypaète barbu tient son nom du toupet de plumes naissant à la base de ses mandibules. Son habitat ? Les zones montagneuses entrecoupées de précipices, de hauts plateaux et d’herbages, généralement au-dessus de 1 000 mètres d’altitude. Le gypaète barbu recherche les arêtes et les longs escarpements rocheux, où il pourra nicher et briser les os qu’il consomme en bon charognard. Unique parmi les vertébrés, le régime alimentaire du gypaète barbu est en effet majoritairement composé d’os. Une ressource alimentaire qui contient autant d’éléments énergétiques que la viande tout en possédant l’avantage de n’être recherchée par aucun autre animal !
Sédentaire, il reste sur son territoire toute l’année, un secteur qui peut s’étendre sur plusieurs centaines de km². Le gypaète barbu vit généralement en couple, rarement en solitaire. Les couples sont généralement longs à se former et plusieurs années peuvent se passer avant qu’un jeune soit élevé avec succès. La femelle ne pond pas avant l’âge de 7 ans et la première reproduction échoue systématiquement. Elle pond un ou deux œufs durant l’hiver. L’incubation dure environ 54 jours et est réalisée dans des conditions climatiques extrêmes liées à l’altitude. Elle est assurée de façon alternée par la femelle et le mâle. Les parents restent au nid même après l’éclosion, jusqu’à ce que le poussin soit apte à réguler sa température. Si deux poussins naissent, la compétition entre les deux conduit le plus jeune à être éliminé par le plus âgé (phénomène de caïnisme).
Menaces et statut de conservation
L’un des vautours les plus rares d’Europe.
Le gypaète barbu (Gypaetus barbatus) est classé « quasi-menacée » au niveau mondial sur la liste rouge de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature). Le caractère obligatoire de l’équarrissage a entraîné une diminution des ressources alimentaires disponibles pour les gypaètes barbus en Europe. S’ajoutent à ce phénomène la dégradation de leurs habitats et les empoisonnements qui ont conduit à une diminution constante de leurs populations.
Pourchassée et persécutée en raison de sa mauvaise réputation, l’espèce s’est éteinte au début du XXe siècle dans certaines régions françaises, comme dans les Alpes, où le dernier spécimen a été abattu en 1913. Lors de la dernière décennie, la population a augmenté sur l’ensemble du territoire français. Selon les chiffres de la LPO (2021-2022), la population reproductrice est passée de 51 couples (35 dans les Pyrénées, 7 dans les Alpes, 9 en Corse) en 2010 à plus de 79 couples en 2021 (1 dans le Massif central, 5 en Corse, 21 dans les Alpes et entre 52 et 54 dans les Pyrénées). Cependant, le gypaète barbu reste l’un des vautours les plus rares d’Europe même s’il a été réintroduit dans plusieurs régions grâce aux efforts conjugués des parcs zoologiques et des associations de protection.
Un œuf pondu à Beauval, une éclosion en Espagne !
Le 17 mars 2022, un œuf de gypaète pondu au ZooParc de Beauval a été transféré vers le centre de soins et de reproduction de Vallcalent en Espagne. Son éclosion s’est produite dans ce centre quelques jours plus tard, le 23 mars. Ce jeune mâle a été transféré vers le centre MonNatura, à proximité des Pyrénées. Il fait dorénavant partie du Programme Ex situ de l’EAZA (EEP), comme les 12 autres individus l’ayant rejoint en 2022. Lors de cet heureux évènement, il y avait deux œufs. Le deuxième oisillon, né à Beauval, est quant à lui resté sur place, les gypaètes ne s’occupant que d’un oisillon. Notre femelle gypaète barbu, prénommée La Rhune, en a pris le plus grand soin. Cet oisillon s’est avéré être une femelle. Elle a été transférée vers le centre Richard Faust Zentrum, en Autriche, en 2023.
Heureux événement chez les gypaètes barbus
5 infos clés sur le gypaète barbu
5 infos clés sur le gypaète barbu
Contrairement à la majorité des vautours, les gypaètes barbus possèdent des plumes sur la tête et le cou.
Ils sont principalement monogames mais des trios peuvent se former (2 mâles, 1 femelle).
Ce sont des oiseaux très territoriaux, notamment envers leurs nids.
L’incubation dure entre 53 à 60 jours.
Charognards, ils participent à l’élimination des carcasses et ainsi au contrôle des maladies.
Missions et actions de protection
1 - Assurer la gestion du programme de reproduction ex situ
La Vulture Conservation Foundation a pour mission la gestion du programme de reproduction ex situ dans les zoos européens (EAZA/EEP) et centres d’élevages privés participant au programme. Plusieurs actions ont été réalisées en 2022 au sein du centre de soins et de reproduction de Vallcalent en Espagne : formation de nouveaux couples, incubation des œufs et mise en adoption des oisillons (chez les gypaètes, seul 1 oisillon sur les 2 potentiellement nés reçoit des soins parentaux).
2 - Réintroduire et renforcer les populations
La réintroduction et le renforcement de populations dans les massifs montagneux de France, d’Espagne et d’Italie ont pour objectif de créer un corridor génétique entre tous les massifs européens. En 2022, la répartition des jeunes nés entre le programme de reproduction ex situ et la réintroduction a été effectuée avec 14 gypaètes relâchés.
3 - Suivre, recenser et réhabiliter
Réhabilitation d’individus blessés au sein des centres d’élevage, suivi et recensement de la population des Alpes par l’inventaire des nids, prélèvements de plumes et réalisation d’études comportementales sont autant de missions et d’actions du programme de conservation des gypaètes barbus.
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Les gypaètes barbus à Beauval
Discrète, La Rhune, femelle gypaète barbu, vit perchée sur son nid dans les hauteurs de sa volière à surveiller les alentours. Très actifs, La Rhune et Makalu, le mâle, fabriquent avec beaucoup d’attention le nid pour accueillir l’œuf (1 ou 2 deux par an). Brindilles, branchages, feuilles, paille… ils attrapent tout pour confectionner et consolider le futur abri qu’ils peaufineront en y creusant un trou. Le reste du temps, ces charognards passent leur temps à scruter les alentours haut perchés et à se nourrir de diverses viandes : poulet, caille, rat… et os à moelle, leur péché mignon !
Un programme géré par Vulture Conservation Foundation et soutenu par Beauval Nature