La conservation des escargots des îles Desertas passe par un programme de reproduction ex situ, suivie de la réintroduction des individus dans des zones protégées.
Direction l’île Deserta Grande au Portugal
Le programme de conservation des escargots des îles Desertas, soutenu financièrement par Beauval Nature, est porté par l’IFCN (Institut des Forêts et de la Conservation de la Nature) du gouvernement de Madère.
Selon le dernier recensement à Deserta Grande, il y a 142 individus Atlantica calathoides, 324 escargots Discula Iyelliana et 7 de l’espèce Geomitra coronula.
Discula lyelliana, Geomitra coronula, Geomitra grabhami, Atlantica calathoides : voici 4 espèces d’escargots terrestres endémiques qui ont été redécouvertes au cours des 15 dernières années après des décennies sans aucune observation** ! Elles se trouvent toutes dans un seul endroit, sur la même île au Portugal : Deserta Grande. Une île qui porte bien son nom puisque la traduction du portugais est littéralement « Grande Déserte ». Une île inhabitée, très escarpée, aux falaises abruptes qui est la plus grande des 3 îles Desertas au sud-est de l’île de Madère. Elle n’est pas si « grande » que cela puisque sa superficie est d’environ 10 km². En 1995, les îles Desertas ont été classées réserve naturelle afin de protéger la faune et la flore.
Un suivi des espèces pour déterminer la taille des populations et leurs aires de répartition
Le suivi des espèces s’est déroulé en mars et en novembre 2022 afin de déterminer la taille des populations et leur aires de répartition via la méthode capture-marquage-recapture. Grâce à cette technique, il a été comptabilisé 142 individus Atlantica calathoides (101 adultes, 41 jeunes), 324 escargots Discula lyelliana (254 adultes, 70 jeunes) et 7 de l’espèce Geomitra coronula. Les conditions maritimes ont empêché l’accès à la population de Geomitra grabhami.
Acquisition de données climatiques pour mieux connaître les conditions de vie des 4 espèces
L’équipe de l’IFCN a recueilli des données climatiques à deux reprises en 2022, dans les zones de distribution des escargots. Une étude de l’habitat pour mieux connaitre les conditions de vie, notamment climatiques, de ces 4 espèces. Aussi, la préparation d’une mission de cartographie de la couverture végétale permettra de détecter de potentielles nouvelles populations et de trouver des sites favorables au relâché des individus issus du programme d’élevage ex situ.
Sensibiliser le public durant plusieurs années
En collaboration avec Mossy Earth, l’un des partenaires du projet, l’IFCN a élaboré et publié trois vidéos de sensibilisation à partir de 2022 sur les efforts de conservation et de suivi en cours pour sauver de l’extinction les quatre espèces d’escargots. Cette campagne de sensibilisation qui se poursuit est un outil essentiel pour promouvoir la conservation des escargots, la restauration de l’écosystème et la lutte contre les menaces qui pèsent sur eux (espèces exotiques envahissantes).
Les débuts d’un programme d’élevage à Beauval
Au ZooParc de Beauval, le 7 juin 2023, 100 invidus sont arrivés en provenance du zoo de Chester appartenant à 2 espèces d’escargots des îles Desertas : 50 Discula lyelliana et 50 Geomitra grabhami. Une pièce a été spécialement équipée au Dôme Equatorial, dédiée à l’élevage de ces escargots.
Seulement 3 parcs animaliers hébergent ces espèces dans le monde : le Zoo de Bristol, le Zoo de Chester et le ZooParc de Beauval.
Le 22 novembre 2023, un comptage a été effectué. 29 bébés Discula lyelliana étaient nés dans l’un des deux terrariums et une ponte issue du second terrarium a été isolée pour maximiser les chances d’éclosion.
Pour l’espèce Geomitra grabhami, les résultats étaient encore plus positifs : 197 bébés étaient nés. La période de reproduction annuelle est prolifique puisque des bébés sont retrouvés tous les jours. Les premières tentatives de réintroduction pourraient avoir lieu en avril 2024.
Ce programme de conservation se situe sur les îles Desertas, au large du Portugal.
Quelques caractéristiques sur les mollusques
Le nombre total d’espèces de mollusques est incertain. Leur taille, leur forme, leur cycle de vie, leur longévité sont très diversifiés. Du fond des océans au sommet des montagnes, ils peuvent être trouvés dans tout type d’habitat. Ayant des exigences spécifiques en termes d’habitat, ils représentent de bons indicateurs de la santé et de la qualité de l’environnement. Les mollusques terrestres utilisent une large gamme d’habitats parfois très spécifiques : sous-sols, arbres, parois rocheuses. Les mollusques ont un rôle clé dans la régénération des sols et le recyclage des nutriments. Aussi, ils représentent une source importante de nourriture pour les oiseaux, poissons, mammifères, autres invertébrés, parfois les Hommes. Agriculteurs et jardiniers les considèrent souvent comme des ravageurs.
Menaces et statut de conservation
4 espèces en danger critique d’extinction.
Après plusieurs décennies sans aucune observation, quatre espèces d’escargots terrestres, endémiques des îles Desertas, au large de Madère, au Portugal, ont été redécouvertes : Discula lyelliana, Geomitra coronula, Geomitra grabhami et Atlantica calathoides. Ces 4 espèces sont classées « en danger critique d’extinction » sur la liste rouge de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature).
Un grand nombre d’espèces de mollusques sont menacées en raison de leur aire de répartition restreinte et du risque élevé d’extinction qui en résulte. Plus de 30 % des espèces évaluées sont touchées par la modification de leur écosystème : suppression des haies, changements dans les pratiques de gestion des incendies, pâturage du bétail, conversion des zones humides, extraction de la tourbe, exploitation forestière, etc. De plus, de nombreuses espèces sont menacées par l’utilisation de pesticides et d’insecticides, notamment les espèces ayant une petite aire de répartition.
Une fougère fondamentale pour la présence des espèces
Une mission de cartographie de l’île Deserta Grande a été réalisée en 2023. L’objectif principal est d’obtenir une répartition précise et actuelle de la végétation, principalement de la fougère aigle (Pteridium aquilinum), qui a été identifiée comme fondamentale pour la présence de toutes les espèces cibles en tant que source de nourriture et d’abri. Une carte permettra d’identifier les zones de recensement et d’accueil de nouvelles populations issues du programme d’élevage.
5 infos clés sur l’île Deserta Grande
5 infos clés sur l’île Deserta Grande
D’une superficie de 10 km², c’est la plus grande des 3 îles Desertas.
Elle est protégée comme réserve naturelle pour la conservation de la faune et de la flore.
Elle abrite une population de phoques moines endémiques.
Elle est accessible uniquement en bateau depuis Funchal, la capitale de l’île de Madère.
Les activités y sont limitées pour protéger l’environnement.
Missions et actions de protection
1 - Suivre les escargots et lutter contre les espèces exotiques envahissantes
Afin de déterminer la taille des populations et leurs aires de répartition, les 4 espèces d’escargots sont suivies par la méthode capture-marquage-recapture. Le marquage des coquilles au feutre (couleur de l’encre qui change au cours de l’année) permet une estimation de la taille de la population, de l’âge des individus et du taux de croissance grâce à la mesure des coquilles. En parallèle, des mesures de contrôle et de lutte contre les espèces exotiques envahissantes sont également mises en place.
2 - Mettre en place un programme d’élevage
Le programme de conservation des 4 espèces d’escargots a permis le sauvetage des spécimens fondateurs de chaque population et la mise en place d’un programme d’élevage ex situ pour ces 4 espèces. Au ZooParc de Beauval, depuis juin 2023, un programme d’élevage a été mis en place suite à l’arrivée de 100 escargots en provenance du Zoo de Chester (50 Discula lyelliana et 50 Geomitra grabhami). Lors de la période de reproduction, en fin d’année, de nombreux bébés des 2 espèces sont nés.
3 - Réintroduire des spécimens nés en parc zoologique
La conservation des escargots des îles Desertas passe donc par un programme de reproduction ex situ, suivie de la réintroduction des individus dans des zones protégées. L’objectif est de réintroduire des spécimens nés en parc zoologique. Afin de préparer ces réintroductions, il est nécessaire d’étudier tout d’abord les conditions de vie, notamment climatiques, des 4 espèces d’escargots, de cartographier la couverture végétale pour s’assurer que la zone contient suffisamment de nourriture et d’abri contre les intempéries et les prédateurs, de limiter les dangers potentiels comme par exemple les espèces exotiques envahissantes.
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Un programme géré par l’Institut des Forêts et de la Conservation de la Nature et soutenu par Beauval Nature.
