Dans le cadre des actions menées en faveur de la biodiversité locale, Beauval Nature a pour mission d’animer le Plan Régional d’Actions en faveur du pélobate brun. En plus du suivi des populations, Beauval Nature participe au développement de méthodes de détection de l’espèce : ADN environnemental et acoustique.
Direction la Brenne et le secteur ligérien en Région Centre-Val de Loire
Beauval Nature intervient comme coordinateur du Plan Régional d’Actions en faveur du pélobate brun.
Les actions de Beauval Nature en 2022 ont permis de lancer les études de détection et la mise en place d’une barrière temporaire de protection.
Beauval Nature anime le Plan Régional d’Actions en faveur du pélobate brun. L’objectif est de faire le lien entre les associations locales œuvrant pour la conservation de l’espèce, la DREAL (Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement) Centre-Val de Loire et la DREAL Lorraine, coordinatrice nationale du plan d’actions.
Des réunions sont organisées pour programmer les actions à venir à l’échelle de la région, pour faire la synthèse des connaissances, mettre à jour les techniques d’inventaire, échanger avec les partenaires universitaires, les gestionnaires et ainsi faire circuler les informations.
Les actions de Beauval Nature en 2022 ont permis de lancer les études de détection et l’achat d’une barrière temporaire de protection. Celle-ci a été installée début 2023 dans le Loiret, le long de la route. Son rôle est d’éviter aux amphibiens de se faire écraser lors de leurs migrations printanières. Ces amphibiens ont été transférés sains et saufs de l’autre côté de la route, aux bords des mares. Les pots positionnés le long de la barrière avaient pour objectif l’analyse de la migration des espèces de tritons, grenouilles, crapauds… À la suite de cette étude, le Conseil Départemental du Loiret a pour ambition de construire plusieurs passages petite faune sous la route afin de préserver au moins 10 espèces d’amphibiens. Un projet à plus de 400 000 €.
L’apport essentiel de compétences par Beauval Nature pour détecter l’espèce et rechercher les fonds nécessaires aux aménagements
Beauval Nature apporte ses compétences dans l’utilisation de méthodes spécifiques de détection de l’espèce (ADNe et acoustique). L’ADN environnemental (ADNe) est défini comme l’ADN pouvant être extrait à partir d’échantillons environnementaux, tels que l’eau, le sol ou les fèces, sans avoir besoin d’isoler au préalable des organismes cibles. Cette technique est utilisée pour rechercher les espèces rares, discrètes, ce qui est le cas du pélobate brun. Le volet détection via l’ADNe est réalisé dans le but de rechercher de nouveaux sites accueillant le pélobate brun dans le Loiret et l’Indre. Chaque année, les deux départements ont bénéficié d’une détection ADNe. 10 kits ont été utilisés pour analyser 16 sites aquatiques. Aucun site n’est revenu positif à la présence de pélobate brun cette année, contrairement à 2021. Ceci est lié au fait que l’été 2022 a été particulièrement sec et que la majorité des mares a été asséchée durant cette saison, alors que ce sont des lieux de vie pour l’espèce.
Des chants enregistrés entre 18h et 3h du matin
Le suivi acoustique passif de l’espèce est mis en place depuis 2022, grâce à un enregistreur autonome couplé à un hydrophone (microphone utilisé sous l’eau). Le but étant d’enregistrer les chants discrets des pélobates bruns, d’évaluer les périodes de reproduction de l’espèce et ainsi mieux cibler les sessions d’inventaires et améliorer les connaissances sur cette dernière.
L’évaluation de l’activité sonore d’une mare durant 1 mois a révélé les éléments suivants : l’espèce a chanté pendant seulement 3 jours et uniquement la nuit (entre 18h et 3h du matin). Aucun chant significatif n’a pu être détecté en journée.
Ces résultats positifs poussent Beauval Nature à relancer cette même étude en 2023, cette fois-ci sur deux mares de Lailly-en-Val en enregistrement simultané. Le but étant de collecter plus d’informations et évaluer le lien de cette activité sonore avec les facteurs environnementaux comme la pluviométrie, la température ou encore le cycle lunaire.
Le programme de conservation du pélobate brun est situé en Région Centre-Val de Loire en France.
Quelques caractéristiques sur l’espèce
La répartition du pélobate brun s’étend depuis l’est de la France jusqu’à l’Oural. Sur l’axe nord-sud, on le retrouve du Danemark jusqu’au nord des péninsules italienne et balkanique. En France, sa répartition est très hétérogène : on retrouve quelques populations en Alsace et en Lorraine ainsi que deux sites en région Centre-Val de Loire. Il est classé « en danger critique d’extinction » sur la liste rouge des amphibiens de la région Centre-Val de Loire.
Ce crapaud de taille moyenne possède une grande tête, bombée sur le dessus et portant un iris doré ou rouge cuivré. Le dos est brun foncé, ponctué de petits points rouges et strié de marbrures brun-roux à jaunes, qui délimitent souvent un motif clair en forme de flèche sur le dos.
Les pattes arrière sont munies d’excroissances cornées en forme de pelle appelées « couteaux » lui permettant de s’enfoncer à reculons dans le sol.
La période reproduction du pélobate brun s’étend de mars à mai avec un pic d’activité en avril. Les femelles pondent entre 1 000 à 2 500 oeufs dans des cordons gélatineux de 25 cm à 100 cm enroulés autour des feuilles et tiges de la végétation aquatique. Durant 3 à 4 mois, les têtards se développent. La métamorphose survient au cours de l’été ou, parfois, au printemps suivant. Les jeunes débutent alors leur vie terrestre. Ils deviendront adultes 3 ans plus tard.
Menaces et statut de conservation
« En danger critique d’extinction » par la raréfaction des zones humides
Classé « en danger critique d’extinction » sur la liste rouge des amphibiens de la région Centre-Val de Loire, le pélobate brun (Pelobates fuscus) a vu ses effectifs diminuer rapidement ces dernières années, notamment à cause de l’assèchement et de la disparition des zones humides, de la pollution et de l’introduction d’espèces exotiques envahissantes. En région Centre, deux populations isolées subsistent, une petite dans le département de l’Indre, une seconde dans le Loiret, considérée comme la plus grande population de France en termes d’effectifs. Très rare, cette espèce de petit crapaud fait l’objet d’un plan d’actions au niveau national dont les actions régionales sont animées avec Beauval Nature. En protégeant les pélobates, ce sont plusieurs dizaines d’autres espèces qui vont bénéficier de cette protection.
Une espèce protégée par la loi
Comme toutes les espèces d’amphibiens en France, le pélobate brun est protégé par la loi, au niveau national et régional. Il est ainsi strictement interdit de le capturer, le transporter ou même détruire son habitat. À l’échelle internationale et européenne, il est respectivement protégé par la Convention de Berne et la Directive européenne Habitats-Faune-Flore.
5 infos clés sur le pélobate brun
5 infos clés sur le pélobate brun
La ponte compte entre 1000 à 2500 œufs. Les têtards débutent généralement la métamorphose 3 à 4 mois après la ponte.
Lors de la saison de reproduction, les mâles émettent un chant discret, sous l’eau.
Il vit en milieu sableux ou argileux, afin de pouvoir s’enfouir.
Les têtards sont les plus grands d’Europe. Ils peuvent dépasser 10 cm de long avant la métamorphose (jusqu’à 17 cm, exceptionnellement 22 cm).
Les têtards sont omnivores. Les adultes, carnivores, consomment le plus souvent des espèces terrestres : insectes et larves, araignées, vers, isopodes, escargots, etc.
Missions et actions de protection
1 - Animer des actions et suivre la population de pélobates bruns
Un plan national d’actions indique ce qu’il est nécessaire de mener pour le suivi et la protection des pélobates bruns à l’échelle de la France. Beauval Nature est chargée d’animer les actions régionales de ce plan. À cet effet, l’association travaille en collaboration avec les structures régionales engagées dans le suivi de l’espèce : le Conservatoire d’Espaces Naturels du Centre-Val de Loire, la DREAL (Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement) Centre-Val de Loire, Loiret Nature Environnement et Indre Nature.
Le suivi de la population de pélobates consiste à comptabiliser les individus et répertorier les sites d’hivernage et de reproduction.
2 - Protéger et sensibiliser
Beauval Nature s’implique également dans la protection de l’espèce et organise des actions de terrain. Cela consiste par exemple à installer des barrières de piégeage afin d’éviter la mortalité routière ou à surveiller les niveaux d’eau des mares utilisées par les amphibiens.
Enfin, des enclos de protection peuvent être installés sur les points d’eau, afin de protéger les jeunes plants des herbivores et contribuer au développement des têtards de pélobate brun.
Des actions de sensibilisation et d’information sont également menées afin de favoriser la préservation de l’espèce et de son habitat.
3 - Développer des méthodes de détection
Afin d’être plus performant dans la détection de l’espèce et mieux la connaître, deux nouvelles méthodes ont été testées par Beauval Nature : analyse de l’ADN environnemental et enregistrement des chants des mâles. Ces deux techniques permettent en effet d’identifier les sites accueillant les pélobates mais aussi les périodes d’activité et de reproduction de l’espèce. Gagner en précision permet d’adapter les actions de protection mises en place. Cela permet par exemple de définir la localisation et la durée d’installation optimales des barrières aux abords des routes, durant les migrations annuelles de ces amphibiens.
Soutenez l’association et ce programme !
Participer à la préservation des espèces animales à travers le monde. L’argent confié à Beauval Nature sera reversé à l’un des programmes de conservation et de recherche que nous soutenons. Vos dons et parrainages sont déductibles à hauteur de 66% des impôts.
Un programme animé par Beauval Nature.