Réintroduire et conserver les pandas géants in situ

Direction la base scientifique de Chengdu et la réserve naturelle de Daxiangling au centre de la Chine

Un succès reproducteur permettant la réintroduction

En 2016, la base de recherche de Chengdu a sollicité Beauval Nature pour participer au financement des réintroductions de pandas géants en Chine. En effet, le succès reproducteur de cette espèce en parcs zoologiques ainsi qu’au sein des centres de reproduction chinois ont permis d’envisager la réintroduction d’animaux nés au sein de ces institutions.

L’association Beauval Nature s’est donc engagée à financer l’équipement nécessaire au suivi des animaux réintroduits : 4 colliers GPS ont ainsi été achetés par Beauval Nature en 2022 et 2 en 2023. L’association a également pris en charge le financement du suivi par satellite des animaux réintroduits. La zone de réintroduction a déjà été définie et a fait l’objet d’études préliminaires. Une étude pilote permettant de tester le matériel et la méthodologie du suivi a été réalisée en 2017 en équipant un panda géant, vivant en milieu contrôlé, d’un des colliers GPS fournis par Beauval Nature.

Des données sur le comportement et le rythme biologique des pandas géants réintroduits

Grâce aux colliers GPS achetés par Beauval Nature, il a été possible d’étudier en 2022 les schémas d’activité des trois pandas géants réintroduits, y compris les caractéristiques de leur comportement et leur rythme biologique. Cela permet aux chercheurs de suivre à distance l’adaptation des individus au milieu naturel tout en pouvant intervenir en cas de besoin.

3 pandas géants en apprentissage au sein de la réserve naturelle de Daxiangling

3 pandas géants ont été placés en 2021 dans des enclos d’apprentissage en semi-liberté au sein de la réserve naturelle de Daxiangling, en prévision de leur réintroduction. Il s’agit d’une étape importante qui permet aux pandas d’acquérir des compétences pour survivre dans la nature. Les animaux sont suivis mensuellement via la prise du poids et la collecte de sang. Le poids des trois pandas est resté constant au cours de l’année, même en période hivernale, traduisant leur bonne acclimatation. Dans cet enclos d’apprentissage, les pandas géants cohabitent avec d’autres espèces sympatriques : ours noirs, pandas roux, cerfs-huppés, belettes à gorge jaune et chats léopards.

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Quelques caractéristiques sur l’espèce

Le panda géant est l’un des mammifères les plus facilement identifiables au monde avec sa couleur noire et blanche. C’est l’un des plus petits ursidés. Le panda géant délimite son territoire par des marquages olfactifs (sécrétions anales, urine, griffures sur des troncs d’arbre). La reproduction du panda géant n’est pas chose aisée. En effet, une femelle est fécondable entre 1 et 3 jours par an… Le phénomène de diapause embryonnaire est observé chez les pandas géants : après fécondation, l’embryon stoppe son développement dans l’utérus (au stade de 8 cellules). La diapause est un phénomène quasiment systématique chez tous les ursidés. L’ovocyte n’est pas nidifié et il n’y a donc pas d’imprégnation hormonale. Le développement embryonnaire est alors stoppé. L’objectif de cette diapause incontrôlée et involontaire est de faire en sorte que la naissance ait lieu lorsque les ressources alimentaires sont les plus importantes, aux mois d’août et de septembre. Une meilleure nourriture permet d’avoir un lait maternel de qualité supérieure et augmente les chances de survie du petit. L’implantation de l’embryon marque la fin de la diapause et la réelle gestation commence. La mise-bas se fait dans une grotte ou un tronc d’arbre creux. La femelle peut donner naissance à 1 ou 2 petits et très exceptionnellement 3. À sa naissance, le petit pèse entre 85 à 140 grammes. Sa peau est rose, sans pelage et il n’ouvre les yeux qu’après 3 semaines. Vers 1 an environ, il est totalement sevré et peut évoluer seul vers l’âge de 18 mois.

Espèce « porte-drapeau » par excellence, le panda géant (Ailuropoda melanoleuca) est classé « vulnérable » sur la liste rouge de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature). Autrefois répandu dans une grande partie de la Chine, aussi bien en plaine qu’en montagne, le panda géant a souffert du développement rapide du pays, limitant drastiquement son habitat dans des régions de plus haute altitude. La population sauvage de pandas géants a alors très vite décliné en raison de la déforestation, de la fragmentation de son habitat et de la diminution des ressources alimentaires… Cependant, depuis 1998, l’exploitation forestière est interdite en Chine dans les zones d’habitat des pandas géants. Des zones protégées ont été créées.

En septembre 2016, l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) a mis à jour ses statuts de conservation pour faire passer le panda géant de « en danger d’extinction » à « vulnérable ». Le recensement qui a eu lieu entre 2012 et 2014 faisait état de 1 864 pandas adultes dans le milieu naturel. En estimant le nombre de jeunes qui n’ont pas pu être comptabilisés, l’effectif total a été évalué à 2 060 individus. Cette modification du statut du panda géant en 2016 a pu être obtenue grâce aux efforts conjugués des programmes de conservation et des décisions politiques. La population ex situ est d’environ 600 individus en parcs zoologiques.