Créer des nids pour le marabout argala et faciliter sa reproduction

Direction l’état d’Assam, au nord-est de l’Inde

Engager la communauté pour mieux protéger le marabout argala

Ainsi, l’association Aaranyak protège les marabouts argala et leur habitat dans l’état de l’Assam depuis plus de 15 ans, en partenariat avec les communautés et les propriétaires fonciers.

L’équipe du programme de conservation développe des moyens de subsistance durables, leur fournit un accès aux premiers soins, sensibilise les enfants et sauve les oisillons tombés du nid… afin que les villageois fassent de cet oiseau la fierté de leur village.

En 15 ans, le nombre de nids a plus que doublé

Au cours de ces 15 dernières années, le nombre de nids a plus que doublé dans cette région de l’Inde. Conséquence logique et très bénéfique : la population du marabout argala a augmenté. Un très bon résultat pour la conservation de l’espèce à mettre au crédit de l’association Aaranyak soutenue par Beauval Nature. En effet, grâce à Beauval Nature, l’équipe du programme de conservation a construit 2 plateformes de nidification, sur lesquelles 4 oisillons sont nés.

Près de 2 000 oiseaux comptabilisés

En 2022, Aaranyak a recensé 1 950 oiseaux dans l’état d’Assam, dont plus de 1 000 ont été trouvés dans les villages où l’association mène ses actions. Certaines zones n’ayant pas été étudiées, il est probable que la population de marabouts soit plus grande. Ces résultats seront publiés dans un article scientifique et permettront à l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) de mettre à jour les données sur l’espèce.
Par ailleurs, jusqu’à présent, en 15 ans, plus de 400 oisillons ont été secourus par l’ONG.

Une distinction prestigieuse

Les efforts déployés par le Docteur Purnima Devi Barman, biologiste impliquée dans le programme de conservation du marabout argala, sont reconnus à l’international. En effet, après avoir reçu le prestigieux prix Withley en 2017, elle a reçu, en novembre 2022, le prix « Championne de la Terre » (Champions of Earth) par le Programme des Nations Unies pour l’environnement.
Ces distinctions mettent notamment en lumière l’armée Hargila dont elle est la fondatrice. Comptant aujourd’hui plus de 10 000 femmes, l’armée Hargila protège les sites de nidification des marabouts, organise des événements de sensibilisation et mène des activités de reforestation.
« Hargila » est le nom donné aux marabouts argala dans l’état d’Assam, cela peut être traduit par « avaleur d’os ».

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Quelques caractéristiques sur l’espèce

Le marabout argala (Leptipilos dubius) est un échassier de la famille des Ciconiidés, qui comprend notamment les tantales et les cigognes. Il serait l’oiseau le plus lourd de cette famille, sa taille pouvant atteindre 1,5 m pour une envergure s’imposant jusqu’à 2,5 m. Charognard, la tête et le cou sont déplumés, comme chez le vautour. Son bec massif et long lui permet de consommer des carcasses, qu’il trouve aux abords des villes, dans des décharges, mais aussi de capturer des insectes, amphibiens, poissons, crustacés ou oiseaux aquatiques.
Les marabouts argala seraient monogames, bien qu’ils nichent en colonies. Ce sont les mâles qui ont la charge de trouver un site approprié pour la nidification. Les arbres sélectionnés sont de grande taille et possèdent un feuillage clairsemé. Cela faciliterait les allées et venues des adultes qui sont imposants.
Une fois la zone identifiée, les mâles se perchent pour la défendre. Lorsque les femelles se présentent, ils entament une parade nuptiale qui conduira à la formation du couple. Celui-ci construira le nid, avec des branchages, dans lequel la femelle dépose trois œufs que les deux parents couvent à tour de rôle. La période d’incubation dure environ un mois. Les oisillons s’envolent vers l’âge de 5 mois.

Autrefois présent dans une grande partie de l’Asie du Sud-Est, le marabout argala (Leptoptilos dubius) est aujourd’hui classé « en danger d’extinction » selon l’UICN. Sa population compterait entre 1 200 et 1 800 individus, dont l’aire de répartition se limite au Cambodge et à l’Inde, principalement dans l’état d’Assam. De plus, dans ce dernier, on estime qu’environ 50 % des individus reproducteurs nicheraient autour de trois villages mitoyens. Cette grande concentration des spécimens reproducteurs au même endroit représente un risque important pour l’espèce en cas de maladies ou de catastrophes climatiques.

Par ailleurs, l’UICN identifie plusieurs menaces directes pesant sur les marabouts. Tout d’abord, la destruction de l’habitat et la conversion des terres diminuent les sites de nidification disponibles. Ensuite, les marabouts argala sont victimes d’empoisonnement accidentel : ils ingèrent des polluants voire des emballages, lorsqu’ils se nourrissent dans les décharges à ciel ouvert. Enfin, la pollution des cours d’eau et la surexploitation des zones humides altèrent les ressources alimentaires et menacent les jeunes individus qui s’enroulent parfois dans les filets de pêche