Recenser, reproduire et réintroduire les Népenthès

Direction les forêts de Sumatra en Indonésie

Etudier, reproduire et réintroduire les Népenthès

Le programme de conservation des Népenthès est piloté par le Zoo de Chester et l’Institut indonésien des sciences (LIPI), où travaillent le Professeur Muhammad Mansur Halik et son équipe. L’un de ses objectifs est de développer un programme de reproduction ex situ pour les espèces de Népenthès menacées, au sein d’un centre dédié en Indonésie. Certains spécimens sont ainsi prélevés dans la nature, afin d’être bouturés. Ce centre de reproduction a deux vocations. Premièrement, des Népenthès pourront être replacées dans le milieu naturel, afin d’augmenter leurs effectifs. Ensuite, afin de lutter contre le prélèvement d’individus sauvages en réponse à la demande croissante des consommateurs, une partie des plantes cultivées sera destinée à la vente internationale. Ce centre de conservation serait accompagné d’une campagne de sensibilisation des populations locales ainsi que du développement de l’écotourisme et de ressources alternatives pour les braconniers.

Une rencontre constructive avec les spécialistes de cette flore menacée

En février 2020, Nicolas Leroux, responsable animalier du ZooParc de Beauval et grand connaisseur de plantes tropicales s’est rendu sur l’île de Java avec des confrères du zoo de Chester. Sur place, ils ont été accueillis par le Professeur Muhammad Mansur Halik et des botanistes du LIPI. « Je remercie Beauval Nature de m’avoir permis cette participation à l’élaboration d’un projet de conservation en botanique, qui me semble complémentaire et un nouvel axe pour la préservation des espèces et des sites naturels. La conservation vue par son aspect botanique donne une vision différente et une approche très globale, avec un impact direct sur les espèces animales », avait déclaré Nicolas Leroux à son retour à Beauval.

Recensement dans l’ouest de Sumatra en 2022 : 18 espèces trouvées

En octobre 2020, l’inventaire des populations de Népenthès s’est poursuivi au sein de 4 sites d’étude situés à l’ouest de Sumatra : 18 espèces et 4 hybrides naturels ont été recensés.

Malheureusement, les préoccupations demeurent pour plusieurs espèces :

• N. talangensis, N. dubia, N. tenuis, N. harauensis et N. adnata : leurs populations sont inférieures à 100 spécimens et leur répartition est très limitée. Le programme préconise de modifier le statut UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) de ces espèces afin qu’elles soient considérées comme en « danger critique d’extinction ».

• N. longifolia, N. inermis, et N. spathulata : les populations sont petites mais leur répartition est large.

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Quelques caractéristiques

Les Népenthès sont des plantes carnivores qui capturent et digèrent les insectes et autres petits vertébrés à l’intérieur d’une urne emplie de liquide. Ces plantes disposent d’un piège passif permettant la capture des proies sans action mécanique. Grace à un nectar présent sur l’ouverture du piège, les insectes, rongeurs et même petits oiseaux sont irrésistiblement attirés. Les parois de l’urne, très glissantes, précipitent alors leur chute au fond de celle-ci, d’où ils ne peuvent ressortir. L’arme fatale : un liquide enzymatique composé de sucs digestifs permettant de digérer les proies, mortes noyées. Certaines espèces de Népenthès sont épiphytes, c’est-à-dire qu’elles peuvent pousser sans s’enraciner au sol, dans la terre. Elles utilisent alors d’autres plantes en guise de support et poussent directement sur celles-ci.

L’Indonésie est le pays qui compte le plus d’espèces différentes de Népenthès dans le monde. Certaines espèces sont aujourd’hui en sursis. Feux de forêts, exploitation minière (or, charbon), cueillette sont les principales menaces qui pèsent sur elles. En effet, en raison de leur popularité en tant que plantes ornementales, de nombreuses espèces sont aujourd’hui menacées car extraites de leur milieu naturel pour être vendues. La culture et l’entretien de ces plantes est complexe et la demande est aujourd’hui plus importante que l’offre qui peut être fournie grâce aux cultures ex situ. Des espèces comme Nepenthes rigidifolia ou Nepenthes dubia sont « en danger critique d’extinction ».