Malaisie
Sauvegarder les orangs-outans et les éléphants de Bornéo
Prix Beauval Nature, n° 2, Parrains Mécènes
Dirigé par HUTAN, le programme de conservation des orangs- outans et des éléphants de Bornéo assure de nombreuses missions : suivi quotidien des orangs-outans et étude de leur adaptation face aux habitats dégradés, recensement de la biodiversité le long de la rivière Kinabatangan, aide à la cohabitation Hommes – Eléphants.
Direction le nord de Bornéo, sur les rives du fleuve Kinabatangan
Financée par Beauval depuis sa création, HUTAN est une association française qui a installé une station de recherche à Bornéo, en Malaisie.
L’association a formé des agents qui patrouillent et installent des clôtures dans les terres cultivables et palmeraies pour éviter l’abattage des éléphants.
Financée par Beauval depuis sa création, HUTAN est une association française qui a installé une station de recherche à Bornéo, en Malaisie. L’association mène plusieurs programmes de conservation en Asie, notamment en faveur de la biodiversité située dans l’Etat de Sabah, à Bornéo. L’association compte plus de 60 employés à temps plein, issus des communautés locales.
Vétérinaire de formation, le Dr. Marc Ancrenaz a créé l’association HUTAN en 1996 aux côtés d’Isabelle Lackman, primatologue. Dans le premier numéro de Beauval Nature Mag, retrouvez l’interview de Marc Ancrenaz, fondateur de HUTAN, la première association que Beauval Nature a décidé de soutenir.
Sauvegarder la biodiversité et les deux espèces
HUTAN œuvre pour la sauvegarde de la biodiversité autour du fleuve Kinabatangan en développant notamment un projet d’écotourisme. En parallèle, l’association a formé des agents qui patrouillent et installent des clôtures autour des terres cultivables et des palmeraies pour éviter les conflits entre les éléphants et les agriculteurs. HUTAN étudie également l’adaptation des deux espèces (orangs-outans et éléphants) au sein de ces palmeraies afin de trouver des solutions de gestion durable avec les propriétaires privés.
Actions menées en 2022 : des chiffres particulièrement parlants
L’association HUTAN a publié des chiffres illustrant toutes les actions menées lors de l’année 2022.
En voici une sélection :
- 46 jours de suivi de nids correspondant à 16 orangs-outans sauvages situés sur le site d’étude
- Une densité moyenne d’orangs-outans (historiquement la plus basse) de 1,1 individu / km²
- 8 hectares de terrain achetés pour agrandir le corridor forestier de Pangi
- Bilan de 3 années de suivi de la biodiversité sur le corridor de Rasig : 153 espèces de vertébrés terrestres (47 espèces de mammifères, 76 oiseaux, 26 grenouilles et 5 de reptiles) dans 3 types d’habitats : forêt, parcelle de reboisement et palmeraie
- 30 enregistreurs acoustiques installés : 916 détections, 73 espèces dont 17 menacées selon la liste rouge de l’UICN
- 45 nuits passées à atténuer les conflits Homme-Eléphant
- 110 excréments d’éléphant surveillés pour estimer avec précision la vitesse de décomposition
- 22 programmes éducatifs organisés soit un total de 7 862 participants (24 écoles et universités et 9 expositions)
TRAILS : un nouveau projet lancé pour la conservation de la faune sauvage
TRAILS signifie « climaTe Resilient lAndscapes for wildLife conServation » soit en français « Paysages climato-résiliant pour la conservation de la faune sauvage ». Ce projet est issu d’un partenariat entre le CIRAD, l’Université Putra Malaysia, la société MOPP (Melangking Oil Palm Plantation), HUTAN et les communautés locales.
Les objectifs du projet sont de :
- Concevoir et créer des systèmes agroforestiers pour la culture de palmiers à huile, afin d’amener la notion d’agriculture régénératrice
- Identifier les facteurs clés de la climato-résilience
- Mieux comprendre comment cette approche sera bénéfique pour la biodiversité
- Analyser les impacts socio-économiques de l’agriculture régénérative
Mais qu’est-ce que l’agriculture régénératrice ou régénérative ? C’est l’ensemble des pratiques agronomiques visant à restaurer la qualité des sols agricoles grâce à des méthodes de culture et d’élevage raisonnées. En introduisant plus de vie et de biodiversité dans les sols, l’agriculture régénératrice encourage le développement de matière organique qui permettra au sol d’être plus riche, plus fertile et de séquestrer naturellement plus de carbone.
La pandémie de Covid-19 a retardé le lancement des actions mais 22 hectares de parcelles sont à présent étudiés dans le cadre de ce projet. La surveillance à long terme permettra de documenter l’impact de l’agriculture régénérative sur la santé des sols, la qualité de l’eau, les conditions climatiques locales, la biodiversité et le rendement agricole.
Le programme de conservation des orangs-outans et des éléphants est situé en Malaisie.
Quelques caractéristiques sur les 2 espèces
L’orang-outan de Bornéo (Pongo pygmaeus) se distingue des deux autres espèces d’orangs-outans présentes à Sumatra (Pongo abelii et Pongo tapanuliensis) par la forme de son visage et son pelage plus foncé, variant de l’orange au marron chocolat, alors qu’il est orange vif chez les espèces de Sumatra. Le dimorphisme sexuel est particulièrement développé chez ces grands singes : les mâles sont deux fois plus imposants que les femelles.
Mâles et femelles ne se rencontrent qu’en période de reproduction. Les femelles orangs-outans restent près de l’endroit où elles sont nées alors que les mâles se dispersent. Les jeunes peuvent rester avec leur mère jusqu’à l’âge de 8 ans. Les femelles ne se reproduisent que tous les 6 à 8 ans en moyenne.
Quant à l’éléphant de Bornéo (Elephas maximus borneensis), il s’agit d’une sous-espèce de l’éléphant d’Asie (Elephas maximus). Des tests ADN ont montré que les éléphants vivant sur l’île de Bornéo constituent une sous-espèce indigène et génétiquement distincte d’éléphant d’Asie, avec des caractéristiques différentes de celles de leurs cousins d’Asie continentale et de Sumatra. Ils sont plus petits que les éléphants d’Asie continentale, avec une hauteur d’environ 1,5 à 2 mètres au garrot. Leurs oreilles sont proportionnellement plus grandes par rapport à leur taille corporelle. Ils sont généralement observés en groupes familiaux dirigés par une femelle dominante. Les mâles peuvent être plus solitaires.
Menaces et statut de conservation
2 espèces touchées par la fragmentation de leur habitat
Les orangs-outans de Bornéo sont classés « en danger critique » par l’UICN et les éléphants d’Asie sont « en danger ». Avec 55 000 individus à Bornéo (UICN 2004) et seulement 13 000 sur l’île de Sumatra (UICN 2016), les orangs-outans ont vu leurs effectifs diminuer de 85 % depuis 1900.
Menacés par le trafic illégal de jeunes animaux et la réduction et fragmentation de leur habitat dues à l’exploitation du bois et aux plantations de palmiers à huile (pour la production d’huile de palme), ils pourraient disparaître dans les années à venir.
Il en est de même pour les éléphants de Bornéo, qui se retrouvent menacés par la perte de leur habitat et par les conflits avec les populations locales, principalement dans les exploitations de palmier à huile.
Plus de 50 évènements d’éducation environnementale en 2022
L’association HUTAN a organisé plus de 50 événements de sensibilisation à l’environnement en 2022. Ils sont intervenus auprès d’élèves de l’école élémentaire au lycée ainsi que dans des villages ou lors d’expositions et d’évènements. Ainsi, ils ont pu intervenir lors du Congrès UICN dédié aux parcs asiatiques, pendant le Festival des oiseaux de Bornéo ou encore durant la Journée mondiale de l’environnement.
Beauval Nature raconte… à Bornéo !
5 infos clés sur l’orang-outan de Bornéo
5 infos clés sur l’orang-outan de Bornéo
Il vit dans les forêts tropicales.
Essentiellement frugivore, il a un rôle important dans la dissémination des graines.
Entre 2 naissances, il peut s’écouler entre 6 et 8 ans.
1 à 2 petits naissent après une gestation de 7 mois et demi à 9 mois.
Il se déplace par brachiation, de branche en branche, avec agilité à l’aide de ses bras.
Missions et actions de protection
1 - Suivre au quotidien les orangs-outans
Les équipes d’HUTAN suivent et observent les orangs-outans dans une zone forestière de 9 km² ainsi que dans des habitats dégradés. Les objectifs sont d’en apprendre plus sur ces animaux et de documenter l’adaptation des primates face aux modifications de leur habitat.
Ainsi, en 2021 et 2022, les équipes d’HUTAN ont observé le comportement et les habitudes alimentaires de 17 individus situés dans la zone forestière.
En dehors de la zone d’étude, notamment au sein d’aires non protégées ou de palmeraies, les orangs-outans ont été étudiés par hélicoptères et pièges photographiques. Les équipes de terrain veillent aussi à prévenir les risques d’électrocution, lorsque les primates utilisent les lignes électriques pour se déplacer, et à diminuer les conflits avec les agriculteurs, notamment les exploitants de palmeraies.
2 - Protéger les éléphants
Des patrouilles et des moyens de dissuasion (répulsifs) ont été mis en place afin d’éviter l’intrusion des éléphants dans les villages et les cultures. Les équipes du programme ont aussi installé des clôtures autour des palmeraies et des cimetières, et se chargent de leur entretien.
Afin d’évaluer la taille de la population d’éléphants à Kinabatangan, une étude préliminaire sur la décomposition des excréments des éléphants a été finalisée en 2022.
Une seconde étude, basée sur une analyse hormonale des fèces, visera à déterminer le taux de stress des éléphants évoluant au sein des palmeraies.
3 - Suivre et protéger la biodiversité
L’une des équipes d’HUTAN, l’équipe de la Wildlife Survey and Protection unit (WSP), est chargée de suivre la biodiversité et son adaptation aux exploitations de palmiers à huile. Ils utilisent de nombreuses méthodes, dont certaines ont été enseignées par Beauval Nature : drones, pièges photographiques, détection d’ADN environnemental, bioacoustique ou encore piégeage pour les insectes. Le suivi s’effectue principalement au niveau du fleuve Kinabatangan et du corridor Keruak.
L’équipe WSP apporte aussi son aide pour les sauvetages et translocations d’animaux. Elle est par ailleurs responsable de l’installation et de la réparation des ponts suspendus permettant aux primates de traverser les cours d’eau, lorsque les passages naturels n’existent plus.
Soutenue par des gardes bénévoles, l’équipe WSP est aussi chargée de lutter contre les activités illégales (prélèvement de bois et braconnage). En 2022, plus de 150 patrouilles, principalement nocturnes et effectuées en bateau sur la rivière Kinabatangan, ont été réalisées.
4 - Agir pour la reforestation
Le programme de reforestation mené par HUTAN est orchestré par deux équipes de femmes. Depuis 2008, elles ont restauré plus de 60 ha dans 12 parcelles différentes. Fin 2022, on comptabilise plus de 200 000 arbres plantés ayant survécu.
La première équipe est dédiée à la pépinière et au suivi des plantations : gestion de la collection de semis, entretien et suivi des parcelles reboisées, estimation de la biomasse. En 2021-2022, plus de 38 000 semis ont été envoyés aux équipes de terrain.
En effet, une seconde équipe est chargée de la restauration du Genting Wildlife Corridor. L’objectif est de relier deux aires protégées en replantant des arbres sur d’anciennes palmeraies. En 2022, plus de 16 000 plantations ont été réalisées.
5 - Sensibiliser
Le programme de sensibilisation à l’environnement permet d’augmenter l’efficacité du travail de HUTAN en encourageant les changements de comportements à Sabah.
En 2022, dans 16 districts à Sabah, une intervention a été menée auprès de 22 établissements scolaires, de l’élémentaire au lycée, et au sein d’une université.
HUTAN a également participé à plus de 10 évènements locaux et permis la reprise des activités Ranger Junior avec 19 enfants inscrits en 2022 qui se sont chargés des semis.
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Un programme géré par l’association HUTAN et soutenu par Beauval Nature
