Favoriser le bien-être et les efforts de conservation des panthères nébuleuses

Étude sur les tumeurs des glandes surrénales de la panthère nébuleuse

Une hypertension systémique difficile à diagnostiquer du vivant des animaux

Ces tumeurs sécrètent des quantités accrues d’hormones catécholamines et sont responsables d’une hypertension systémique difficile à diagnostiquer du vivant des animaux. Le diagnostic ante-mortem (avant la mort) de phéochromocytome chez les panthères nébuleuses est très difficile. En effet, il nécessite l’utilisation de nombreux outils diagnostiques combinés (examen clinique, scanner, échographie abdominale, cytologie, dosages sanguins…) qui se sont révélés jusqu’à maintenant peu sensibles dans la détection de ces tumeurs. L’examen le plus efficace reste l’analyse histopathologique, réalisée après le décès de l’animal.

Une nouvelle voie ouverte dans le diagnostic réalisé du vivant des panthères

La mesure des taux plasmatiques des catabolites de l’adrénaline et de la noradrénaline (respectivement la métanéphrine et la normétanéphrine) ouvre une nouvelle voie dans le diagnostic du phéochromocytome du vivant des panthères nébuleuses. Dans cette perspective, la description de valeurs de métanéphrine et de normétanéphrine plasmatiques chez cette espèce est essentielle. La comparaison à d’autres espèces moins sujettes au développement de cette tumeur, ainsi que la comparaison des taux mesurés entre individus atteints, suspects ou sains, permettra d’établir une première série de valeurs « normales » en fonction de l’âge et du sexe des panthères nébuleuses. Pouvoir établir des diagnostics précoces, avant le développement de symptômes cliniques, est le but recherché.

2 hypothèses dressées

L’étude réalisée au centre de recherche de Beauval a permis de dresser 2 hypothèses :

• Les taux plasmatiques de métanéphrine et de normétanéphrine sont naturellement plus élevés chez les panthères nébuleuses que chez les autres espèces de félidés.
• Les individus atteints (présence confirmée de la tumeur) ou suspects présentent des taux supérieurs aux individus sains.

Quelques caractéristiques sur l’espèce

La panthère nébuleuse ou panthère longibande (Neofelis nebulosa) est une espèce originaire de l’Asie du Sud-Est. Par sa taille, c’est la plus petite des grands félins puisqu’elle a des membres plutôt courts en comparaison avec les autres espèces qui ont des postérieurs plus longs que les antérieurs. Ses robustes pattes sont larges et munies de puissantes griffes rétractables. Elle possède un pelage tout à fait remarquable évoquant des bandes de nuages, d’où ses noms de panthère longibande ou nébuleuse. Parmi les Félidés, il s’agit de l’espèce possédant les plus longues canines comparées à la taille de la tête et du corps. Ses canines peuvent atteindre 4,5 cm de long. L’ouverture de sa mâchoire est également exceptionnelle, elle peut en effet l’ouvrir à 100° ! Un lion par exemple, a une ouverture de mâchoire de 65° « seulement ». Sa grande agilité lui vaut d’être surnommé « le tigre des arbres » en Malaisie. C’est l’un des félins qui est le plus à l’aise dans les arbres. La panthère nébuleuse peut descendre d’un tronc la tête en bas, le seul autre félin pouvant le faire est le margay. Ses puissantes pattes arrière lui permettent de réaliser des bonds de plusieurs mètres.

La panthère longibande est classée « Vulnérable » par l’UICN. Ses populations déclinent, elle a notamment disparu de Taïwan au cours des années 1980-1990. Au vu des difficultés d’observation, il est très difficile d’avoir une estimation globale de ses effectifs. Le braconnage pour le commerce illégal de sa peau, sa viande et ses organes (utilisés dans la pharmacopée asiatique) est une des principales causes de ce déclin. Ses os et griffes sont de plus en plus utilisés en médecine traditionnelle comme substitut à ceux du tigre, devenu de plus en plus rare. Autre menace importante, la destruction progressive de son habitat, la déforestation massive en raison des plantations d’hévéas, de palmiers à huile et autres productions agricoles.