Ce programme est dirigé par le laboratoire de biologie aquatique de l’UMSNH (Universidad Michoacana de San Nicolás de Hidalgo), situé dans l’Etat du Michoacán, au Mexique. Il vise à sauvegarder et réintroduire plusieurs espèces de poissons d’eau douce, appartenant aux familles des Goodéidés et des Cyprinidés, dans leur milieu d’origine. Les actions menées sont variées : reproduction ex situ, restauration de sites de réintroduction, relâchés, éducation à l’environnement.
Direction la rivière Teuchitlán au Mexique
Avec plus de 500 espèces de poissons dont environ 30 % sont endémiques, le Mexique est considéré comme une zone prioritaire pour leur conservation.
Créé en 1998, le projet Fish Ark a permis le maintien et la reproduction ex situ de nombreuses espèces de poissons d’eau douce menacées, voire éteintes à l’état sauvage, au Mexique.
Avec plus de 500 espèces de poissons dont environ 30 % sont endémiques, le Mexique est considéré comme une zone prioritaire pour leur conservation. 70 % de ces espèces endémiques sont présentes au centre du Mexique. Les milieux aquatiques, rivières, fleuves, lacs, situés dans cette région sont de plus en plus altérés. Les menaces pesant sur eux et la faune qu’ils abritent sont l’introduction d’espèces exotiques et leurs parasites, la pollution, les prélèvements d’eau ou encore la surpêche. La rivière Teuchitlán, dans l’état de Jalisco, n’est pas épargnée et plusieurs espèces de poissons y sont devenues très rares ou ont disparu.
Sauvegarder des espèces menacées voire éteintes à l’état sauvage
Afin d’éviter la disparition d’une quarantaine d’espèces de poissons d’eau douce, le laboratoire de biologie aquatique de Morelia, au Mexique, a lancé un vaste programme de conservation, en collaboration avec le zoo de Chester : le projet Fish Ark. Celui-ci permet le maintien et la reproduction ex situ de plusieurs espèces de poissons d’eau douce menacées voire éteintes à l’état sauvage au Mexique. L’objectif final étant de repeupler la rivière de ses espèces historiques. Dans un premier temps, le projet se concentre sur 3 espèces : le poisson téquila (Zoogoneticus tequila), le skiffia doré (Skiffia francesae) et le cyprin ameca (Notropis amecae).
Le premier sur la liste : le poisson téquila
La première espèce prélevée par le projet Fish Ark fut le poisson téquila (Zoogoneticus tequila). Décrit en 1998, les scientifiques le pensaient alors éteint à l’état sauvage, en raison de la pollution et des poissons exotiques, qui représentaient alors 95 % des individus dans la rivière Teuchitlán. L’espèce fut officiellement considérée éteinte à l’état sauvage en 2013, elle ne subsistait que dans les aquariums construits pour sa sauvegarde. Les réintroductions ont débuté en 2016 après une étude approfondie de la rivière Teuchitlán. Celle-ci a été analysée, afin de vérifier si elle était en mesure d’accueillir de nouveau l’espèce : interactions entre les poissons et leur milieu de vie, disponibilité en nourriture, concurrence entre les espèces indigènes et exotiques, présence de parasites potentiels, qualité de l’eau, etc. A ce jour, l’espèce compte entre 80 et 120 individus matures dans la rivière Teuchitlán. Elle est considérée « en danger d’extinction » par l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) depuis 2019.
Des skiffias dorés sont réintroduits 3 ans plus tard
Appliquant le même protocole que celui utilisé pour sauvegarder les poissons téquila, le laboratoire de biologie aquatique de Morelia est parvenu à empêcher l’extinction complète du skiffia doré, considéré éteint à l’état sauvage depuis 1996 par l’UICN. Quelques individus, prélevés en 1976, ont en effet été confiés à divers aquariums européens afin de se reproduire en milieu protégé et assurer la survie de l’espèce. Les premières réintroductions ont eu lieu en 2019 et 2022, dans la rivière Teuchitlán. Ces premiers tests n’ont malheureusement pas permis à l’espèce de s’implanter durablement dans cette rivière.
Des études supplémentaires ont été programmées, afin d’identifier avec précision les diverses problématiques rencontrées par les skiffias lors de ces deux essais.
Les espèces exotiques : un grand fléau
En 2022 et 2023, des expériences ont été réalisées en mésocosmes, des lieux isolés permettant de modifier diverses variables, tout en plaçant les poissons dans un milieu proche du milieu sauvage. Ainsi, les chercheurs ont évalué l’adaptation des skiffias dorés à plusieurs éléments, notamment à la présence d’espèces de poisson non indigènes. Au total, la cohabitation des skiffias avec 4 espèces a été testée. Si certaines semblent ne provoquer aucun changement dans la survie ou le comportement des skiffias, d’autres à l’inverse menacent leur survie.
Début juillet 2023, une nouvelle tentative de réintroduction a été entreprise. Après avoir extrait les poissons exotiques d’une source à proximité du barrage de La Vega, 500 skiffias ont été réintroduits. Fin juillet, les skiffias étaient attentivement surveillés, les premiers signes étaient encourageants.
Ce programme de conservation est situé au Mexique.
Quelques caractéristiques sur les 2 espèces : le poisson téquila et le skiffia doré
Poisson téquila (Zoogoneticus tequila)
Son nom fait référence au volcan de Tequila, situé dans l’état de Jalisco, au Mexique. Le poisson téquila est endémique de Jalisco. Peu d’informations sont disponibles sur cette espèce à l’état sauvage. Ex situ, la maturité sexuelle est atteinte en 10 semaines. La première ponte compte 10 alevins, les suivantes entre 20 et 29 alevins. En observant les espèces apparentées, on suppose qu’il vivrait au sein d’une végétation dense de roseaux et de racines. Ses dents, son intestin et la forme de sa bouche suggèrent un régime alimentaire carnivore : il se nourrit d’invertébrés (crustacés, larves d’insectes). Il existe un dimorphisme sexuel entre les mâles et les femelles. Le signe le plus visible est la bande jaune-orangé présente sur la nageoire caudale des mâles.
Skiffia doré (Skiffia francesae)
Poisson endémique de Jalisco, le skiffia doré est considéré comme éteint à l’état sauvage. On estime que le nombre d’alevins est compris entre 5 et 15 par ponte. Les alevins mesurent entre 8,5 et 10,7 mm.
L’observation de l’intestin, des dents et de la bouche indiquent que cette espèce est principalement herbivore. Elle se nourrit principalement d’algues mais aussi de petits invertébrés. La couleur des mâles qui réalisent des parades nuptiales évolue. Ils sont généralement plus colorés que les femelles.
Menaces et statut de conservation
Une espèce en « danger d’extinction » et une « éteinte » à l’état sauvage
Le poisson téquila (Zoogoneticus tequila) est classé « en danger d’extinction » sur la liste rouge de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature). Officiellement décrite en 1998, on pensait l’espèce éteinte dans la nature. Cependant, une population de poissons téquila composée de moins de 500 individus de tous âges, avec moins de 50 adultes est retrouvée dans un petit étang en 2001. En 2013, toujours selon l’UICN, cette population s’est éteinte et l’espèce a survécu uniquement en milieu protégé dans des aquariums, précieusement conservée par des scientifiques. L’espèce a retrouvé son habitat originel, les eaux douces de la rivière Teuchitlán, grâce au projet de réintroduction mené par le laboratoire de biologie aquatique de l’UMSNH (Universidad Michoacana de San Nicolás de Hidalgo).
Le skiffia doré (Skiffia francesae) est une espèce éteinte dans le milieu naturel depuis 1996.
Quelques individus, prélevés en 1976, ont été confiés à divers aquariums européens pour assurer la survie de l’espèce. Les principales menaces pour le skiffia doré sont l’introduction d’espèces exotiques et la dégradation de la rivière, notamment suite à la construction du barrage de La Vega.
Une collaboration avec Les Gardiens de la rivière
Le collectif Guardianes del río Teuchitlán est un soutien important, notamment pour les activités d’éducation environnementale. Grâce à eux, les enfants sont impliqués dans la protection du milieu et la réintroduction des poissons.
5 infos clés sur le poisson téquila
5 infos clés sur le poisson téquila
Il vit caché dans la végétation.
Il se nourrit de petits invertébrés (crustacés, larves d’insectes).
Il mesure moins de 5 cm de long.
Mode de reproduction : il est vivipare.
Le mâle est reconnaissable à sa queue orangée.
Missions et actions de protection
1 - Sauvegarder ex situ
Avant la disparition définitive de plusieurs espèces de poissons d’eau douce au Mexique, le laboratoire de biologie aquatique de Morelia a prélevé quelques individus afin qu’ils assurent une descendance en milieu protégé. À ce jour, trois espèces ont bénéficié de ce système : le poisson téquila (Zoogoneticus tequila), le skiffia doré (Skiffia francesae) et le cyprin ameca (Notropis amecae).
2 - Restaurer le milieu et réintroduire les poissons
Après avoir considérablement diminué les menaces pesant sur les espèces ciblées, notamment via l’extraction de poissons exotiques prédateurs des poissons indigènes, le projet Fish Ark a mené plusieurs campagnes de réintroduction. Les premiers relâchés ont eu lieu en 2016 pour le poisson téquila et en 2019 pour le skiffia doré. La situation des deux espèces reste néanmoins préoccupante. Le nombre d’individus est faible et les populations sont fragiles. Un suivi régulier de ces dernières est primordial.
3 - Éduquer et sensibiliser les populations locales
Un programme d’éducation auprès des communautés locales permet de les sensibiliser à l’importance de réintroduire des espèces endémiques et à la conservation des zones humides naturelles où elles évoluent.
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Un programme géré par l'Universidad Michoacana de San Nicolás et soutenu par l'association Beauval Nature